Il y a encore peu de temps, dans un des angles de l'enceinte de Moullins, cachés par un lierre bien envahissant, on devinait quelques trous dans le mur. Ces trous étaient-ils dus à un effondrement, ou bien avaint-ils été concus par l'homme? Au sol, on pouvait observer au milieu d'un tas de pierre, quelques vestiges de construction. Du lierre partout, un sureau, des ronces, des herbes folles. Il fallait une solide imagination pour deviner ici la présence d'un colombier.
La végétation a été arrachée, les gravats ont été enlevés. Les trous sont devenus accessibles, ils sont profonds arrondis dans le fond, disposés régulièrement. Au sol on observe les fondations d'une tour hexagonale. C'est bien un colombier. Les trous sont des trous de boulin. Chaque trou pour un couple de pigeons.
Pour prolonger notre recherche, il faut aller aux archives départementales de la Sarthe et demander à consulter l'ouvrage coté H48. Ce document a été écrit en 1767, on peut y lire un inventaire détaillé de Moullins. Maître Gaudenard, expert géomètre, trace une description du colombier si précise, si détaillée que l'on peut imaginer ce bâtiment, et le rebâtir par la pensée.
Ici, se tenait une tour à 6 pans de 23 pieds de diamètre (environ 7,5 mètres) haute d'environ 6 mètres. Les angles sont en pierre de taille. Le toit est couvert de lauzes de grès avec au centre une large ouverture pour le passages des pigeons. On peut estimer le nombre de boulins entre 500 et 700. Plus d'un millier de pigeons étaient logés dans cette tour.
Depuis que cette reconstitution virtuelle a été dessinée, des fouilles nous ont permis de découvrir qu'à la base, ce sont deux étages de pierre de taille qui ceinturent la tour.
A la révolution les colombiers, symboles seigneuriaux, vont perdre leur importance. Les habitants de la région,
vont venir y chercher des matériaux pour construire leurs maisons, leurs granges. Il faudra attendre le XXI ème
siècle pour que je retrouve place dans le domaine de Moullins.