blason de Michel Bureau blason Michel Bureau

Petit aperçu de l'histoire et de l'architecture du Logis de Moullins


Petit aperçu de l'histoire et de l'architecture
du Logis de Moullins

La charte de donation

Par charte daté de 969-989 le compte du Maine Hugues II fait donation à labbaye mérovingienne de la Couture au Mans d'un immense domaine pour sacraliser la marche septentrionale de son comté. Contre les agressions répétées des obscurs seigneurs de Bellême qui parviendront à la dignité comtale.
Le domaine comprend alors la plupart de la forêt de Perseigne, la villa de Saint Rigomer du Plains (Moullins) et les paroisses du sud de la forêt. Au total ce sont plusieurs milliers d'hectares dont il restera seulement 750 hectares à la Révolution.

Une situation géographique particulièrement dangereuse

Grande exploitation agricole carolingienne au 9e et 10e siècle, l'abbayue de la Couture installera un immense prieuré bénédictin à partir de 995, jusqu'aux environs de 1250. Vers 1310-1330 les abbés de la Couture se feront construire une grande réseidence palaciale aux champs. En 1418, l'armée d'invasion du roi Anglais HenrY V pillera et incendiera la résidence. En 1508, l'abbé Michel Bureau édifiera une nouvelle résidence avec chapelle et colombier. Il convertira la grande salle médiévale de ses prédécesseurs en grange dimière.

Les habitants de Moullins, permanents ou temporaires, ont été impliqués, la plupart du temps malgré eux, et parfois de leur fait, dans quelques grands conflits locaux ou nationaux.

Au niveau local, ce furent d'abord les guerres incessantes entre les comtes du Maine et les comtes de Bellême du 10e au 12e siècle pour la possession du Saosnois, extrémité nord du comté du Maine où se trouve Moullins. 7.

Les conflits nationaux

Ensuite, vinrent les affres de la guerre de Cent-Ans dans la province du Maine en particulier. Ils se soldèrent par le pillage puis l'incendie de la résidence abbatiale, par l'armée du roi Henry V d'Angleterre. Le décès de l'abbé Michel Bureau en 1518 déboucha sur le bras de fer entre le roi François 1er et l'ensemble des corps constitués qui lui contestèrent le premier usage de son tout nouveau droit de désignerEn 1516, le jeune roi François 1er, dont les armées pressaient celles du Pape, avait arraché à Léon X le « concordat », c'est-à-dire le droit de nommer les évêques et les abbés mîtrés. les évêques et les abbés mîtrés, il s'agit des abbés des grandes abbayes auxquels le Pape a conféré la dignité épiscopale (= rang d'évêque), avec port d'anneau et de mitre. Le premier abbé mitré de la Coûture fût Pascal Huguenot, conseiller du roi Charles V, en 1399. concédé par le Pape Léon X. Le conflit dura 6 mois, le jeune roi réussissant péniblement à imposer son autorité et son candidat, contre le fils spirituel de Michel Bureau, Jean Bougler prieur de Solesmes.

Un air de la Pléiade

Heureusement, la poésie est venue adoucir les relations entre les hommes. Un air de la Pléiade flotte sur Moullins. Guy Pécatte, moine et neveu du « Gouverneur de Moullins », Jean Dampont, vit le jour à Saint Rémy-du-Plains, vraisemblablement à Moullins. Il composa des odes en latin, qui connurent un certain succès au début du 16e, et initia à cet art Pierre de Ronsard, dont il fût le précepteur.

Les guerres de Religion

Ensuite, les guerres de Religion vinrent ensanglanter le Maine. Après la prise du Mans par les huguenots en 1562, l'abbé Nicolas Fumée part installer son monastère à Moullins et dans « 3 maisons manables » des environs, pendant six mois. L'abbé subdivisa son logis pour loger les dignitaires de l'abbaye. Les maçonneries du logis furent truffées d'archères et de trous de couleuvrine pour la défense. De solides grilles furent posées devant chaque ouverture, tant du rez de chaussée que du premier étage. Un système de défense facilitant la fuite des occupants du logis fut mis en place avec la construction d'une fausse tour débouchant sur un souterrain. Le creusement de celui-ci fut interrompu au bout de 5 mètres à cause du retour de la communauté au Mans.
Dès 1619, l'ensemble des bâtiments de la résidence abbatiale, ses 3 étangs, ses moulins et fours banaux furent affermés avec le reste du domaine.
Bien du clergé, Moullins et son domaine dont il ne resait plus que 750ha, furent nationalisés à la Révolution et mis en vente en 7 lots séparés dès 1791.

Le vocabulaire architectural de Moullins

Trois époques subsistent à Moullins:
- Les reste du prieuré (1150), Le mur pignon arasé d'une bâtiment à nef et bas cotés englobé dans le logis abbatial de 1508.
- la résidence de 1310-1330 avec la grande salle de réception (Aula) de plain pied montant sous charpente pour les réceptions, la prise des repas, et pour rendre la justice.
- Le Logis abbatial de 1508 comprenant logis abbatial, chapelle et colombier le tout dans un enclos protégé par un mur d'enceinte.
Les baies des parties médiévales relèvent de l'art roman pour la baie obturée du pignon arasé, de la seconde phase de l'art gothique ou gothique rayonnant, 1240 - 1350, la seconde partie du gothique caractérisée notamment par l'art du remplage des baies et la création de véritables murs de verre, illustrés par la Sainte Chapelle. La rose, ou rosace, mais aussi l a présence de trèfles, incarnent cette période tandis que le style de l'ensemble seigneurial de 1500 atteste de la troisième phase du gothique ou gothique flamboyant1350 -1510, les formes évidées des remplages prennent l'aspect de flamme, les décors se complexifient, à l'extérieur avec les gâbles des lucarnes, les pinacles des portes et à l'intérieur les « toiles d'araignées » dessinées par les voûtes. La Renaissance n'a que peu influencé l'architecture des bâtiments, si ce n'est une porte sur la façade est du Logis et un impressionnant retable vraisemblablement de l'atelier tourangeau de Guillaume Regnault,(1450-1538) neveu par alliance, compagnon et successeur de Michel Colombe, « prince des sculpteurs », Guillaume Regnault dirige l'atelier tourangeau à partir de 1511. On lui doit de nombreuses ouvres comme le tombeau des Poncher de Saint Germain l'Auxerrois et on lui attribue notamment plusieurs Vierges, dont la « Vierge d'Olivet » détruit en partie peu après la Révolution.